Les traitements d’amélioration simples
et communément admis
La simple chauffe, une pratique qui remonte à l’antiquité, et consiste à « poursuivre » le processus naturel d’exposition des gemmes à la chaleur, tel qu’il aurait pu avoir lieu dans les entrailles de la terre, pour modifier ou renforcer ou mieux répartir une couleur et/ou améliorer la pureté; cette pratique est effectuée sur plus de 95% des corindons (Rubis et saphirs, saphirs de couleur) et est reconnue et acceptée comme une pratique « traditionnelle » par tous les marchands du monde, d’autant plus qu’elle a un effet permanent sur la gemme ; elle doit cependant toujours être clairement explicité par le vendeur de gemmes et figure d’ailleurs dans les caractéristiques des certificats de laboratoire ; il va sans dire qu’une pierre « non-chauffée » donc avec sa couleur 100% originelle vaudra toujours beaucoup plus chère qu’une pierre chauffée ,et son prix pourra alors doubler, voire tripler.
Pour les petites pierres, dites de pavage, et particulièrement pour les corindons, nous considérons en général que ces pierres sont chauffées (chauffe simple), d’emblée.
Il est à noter que, notamment pour les pierres de pavage, les saphirs oranges et jaunes ont souvent subit un traitement dit « par diffusion » (voir section dédié ci-dessous) avec un ajout de béryllium (interaction entre des éléments-trace naturels et le Béryllium (Be) artificiellement diffusé par un traitement à hautes températures ou « HT »), un traitement qui peut être artisanal (chauffe simple avec présence dans le « four » de Chrysobéryl) ou plus « industriel » et est assez commun pour ces pierres, mais qui doit cependant être clairement spécifié par le marchand.
Parmi les pierres fines, seules quelques variétés sont très souvent chauffées comme par exemple la Tanzanite, qui peut alors arborer alors un bleu ou un bleu-violet intense et profond, ou la Citrine (qui est en réalité le plus souvent une améthyste traitée/chauffée).
La chauffe simple traditionnelle n’est pas pratiquée sur les diamants (qui sont chauffés à Haute Température ET sous Haute Pression ou « HPHT ») ni sur les émeraudes. Non plus en général, sur bon nombre de pierres fines recherchées telles que les spinelles, les grenats, les tourmalines, etc. ce qui leur donne une valorisation certaine et les met en avant sur la scène des gemmes hautement désirables.
La chauffe (voire d’autres traitements) n’est toutefois pas jamais totalement exclue, même si elle n’est pas courante sur beaucoup de pierres fines, et un certificat de laboratoire est toujours conseillé pour les plus belles gemmes.
Le cas particulier de l’émeraude, est à expliciter car si cette variété de Béryl n’est pas « chauffé » elle subit en revanche très régulièrement un « remplissage » dit « huilage », à l’huile de cèdre, qui est aussi une pratique traditionnelle remontant à plus de 2000 ans, et qui permet de combler les micro-fractures très souvent présentes dans l’émeraude et d’atténuer le contraste de ses inclusions ; les émeraudes pures sont en effet très rares et comportent en général de nombreuses inclusions typiques, appelées les « jardins de l’émeraude », qui ne sont pas forcément négatifs suivant leur nombres, leur contraste, leur disposition et l’impact qu’elles ont sur la perception de la couleur et la transparence de la pierre ; l’« huilage » peut être en gros « insignifiant », « modéré », « fort », suivant les grades et noms utilisés par les différents laboratoires, et doit être toujours spécifié par le vendeur de gemmes quand il en a eu connaissance ; il figure par ailleurs sur les certificats de laboratoire.
Traitements non-traditionnels
Techniques de « remplissage » des fractures à l’aide de matériaux tels que résines, verres, cires, polymères, etc.
-Émeraudes : d’autres types de remplissage peuvent avoir lieu sur l’émeraude, notamment avec des résines d’époxy, une matière qui durcit (avec un indice proche de celui de l’émeraude donc tendant à faire disparaitre les zones remplies dans la matière injectée), peut être colorée en vert, et donc tromper l’acheteur sur la réalité de la couleur et la pureté de la pierre, si ce remplissage n’est pas clairement mentionné par le vendeur. Par ailleurs, le remplissage des fractures aux résines d’époxy n’est en général pas permanent et peut avoir tendance à mal vieillir, notamment exposé au soleil, et donc à altérer la qualité originelle (Couleur/Pureté/aspect de surface) perçue de la pierre lors de l’achat.
-Autres gemmes : Il est à noter que ces techniques de remplissage peuvent s’appliquer sur presque toutes les gemmes.
Ainsi des techniques de remplissage des fractures à partir de verres, et notamment de verres enrichis au plomb (augmentant le pouvoir de réfraction de la matière) sont assez courantes et connues.
*par exemple pour les fameux rubis souvent très fracturés de Möng Hsu en Birmanie.
-La « guérison » des fractures par remplissage, appelée « Healing », est une technique par laquelle un matériau (en général du Borax) va en fondant provoquer une cristallisation dans la zone remplie par l’agent de remplissage et s’intégrer ainsi littéralement à la matière hôte, la rendant donc irréversible. Cette technique s’applique particulièrement aux rubis.Techniques dites « par diffusion », s’exercent par l’application d’éléments chimiques colorants en haute température qui vont modifier la couleur de surface d’une pierre ; la pierre, si elle est repolie reprendra alors sa couleur originale puisque le polissage lui fera perdre son traitement de surface.
Techniques par irradiation, s’exercent par l’exposition de gemmes à des radiations, qui vient modifier leurs centres chromogènes et par là-même la perception par l’œil de la couleur. Les plus connues et répandues des gemmes irradiées étant sans aucun doute la Topaze bleu.
En termes légaux, les traitements sont tous supposés être qualifiés clairement.
*Par exemple, est considéré comme du corindon « traité », et doit donc être impérativement spécifié comme tel par le marchand, tout corindon ayant subi durant le chauffage l’apport d’éléments chimiques extérieurs (Diffusion) comme le Béryllium pour les saphirs jaunes et oranges ou les Titanuium/Chromium pour les saphirs (bleus).
De même, l’utilisation de verre, de verre au plomb, de toute résine colorante, d’enrobage ou d’irradiation pour masquer les fissures par remplissage et/ou pour améliorer artificiellement ou changer la couleur, entrainent l’obligation d’utiliser le terme « traité ».
Heureusement, pour la plupart des gemmes de qualité, des rapports de laboratoire sont disponibles, et autrement un gemmologue expérimenté pourra détecter un bon nombre de traitements et vous orienter sur les plus belles pierres et les meilleurs rapports qualité/prix.
Synthèses et Imitations
Les imitations sont des matières ressemblant à d’autres matières (par exemple du verre enrichi au plomb coloré en bleu pour imiter du saphir, des plastiques ou des résines pour imiter l’ambre, des doublets ou triplets pour imiter des rubis ou des émeraudes, etc.), sans en avoir les caractéristiques physiques ou chimiques, au contraire des synthèses (donc fabriquées par l’homme) qui reproduisent ces caractéristiques propres.
Il existe de nombreuses synthèses pour les gemmes précieuses notamment pour le corindon, dans toutes les couleurs, dont les plus anciennes remontent à la toute fin du 19Ième Siècle pour le Procédé Verneuil et aux années autour de 1915 pour le Procédé Czochralski, suivis plus récemment par le procédé de Dissolution Anhydre et celui de Dissolution Hydrothermal.
Ce sont bien-entendu les diamants (procédés « HPHT » et « CVD » – Voir notre section diamant et l’article sur les diamants synthétiques LIEN), les émeraudes, les saphirs et les rubis qui sont les objets principaux de fabrication de synthèses. Les instruments courants/légers du gemmologue ne suffisent souvent pas à déterminer la nature synthétique d’une pierre et c’est alors les inclusions qui seront déterminante pour sa reconnaissance. Pour les diamants de synthèse, l’usage d’une machine ou le passage en laboratoire est obligatoire pour la détermination certaine d’une synthèse.
Toutes les synthèses, comme les imitations d’ailleurs, peuvent être reproduites à l’infini et n’ont donc pas de facteur de rareté qui leur permettrait de conserver leur valeur dans le temps, ceci s’appliquant également aux diamants synthétiques : le prix des synthèses est donc incomparablement plus bas que celui des gemmes naturelles précieuses et fines (à qualité/poids/couleur identiques) qui conservent pour leur part une véritable valeur intrinsèque !
A noter, le cas intéressant des « doublets » et « triplets », des imitations composées d’un assemblage en « sandwich » de 2 ou 3 pierres transparentes naturelles (lame de grenat au centre par exemple) ou artificielles tels que verres, plastiques, etc., et/ou naturelles, collées ou « soudées » entre elles, dont une est en général colorée, imitant à moindre coûts des gemmes naturelles de valeur ; les premières traces de ces assemblages semblent remonter à l’antiquité et on en trouve des descriptions écrites précises datant du 16ième siècle en Italie ; ils sont devenus très populaires au 19 et 20 ième siècle. Il faut donc être très attentif quand on achète des pierres, même anciennes…
Et il va sans dire que la prudence vaut également quand on se rend en direct sur site, dans les mines, car par exemple des corindons synthétiques peuvent aussi être « déguisés » en imitant des attributs et l’apparence d’une pierre brute, vraiment comme des corindons bruts naturels !
La mention de tous ces traitements non-traditionnels, de ces synthèses et imitations, illustre bien l’importance d’avoir des gemmologues et des laboratoires de gemmologie, et surtout des interlocuteurs sérieux, avec une conscience éthique indéfectible et par conséquent un grand souci de transparence : aucune pierre, soit-elle synthétique, traitée, d’imitation, composite, doublet, etc., n’est dérangeante pourvu qu’elle soit présentée pour ce qu’elle est véritablement, et vendue avec le prix qui lui correspond réellement !